Avec une prudente sortie du confinement en vue, notre CEO, Philippe Lacroix, a partagé dans l’Echo son point de vue sur l’impact de Covid-19 sur le secteur d’intérim et des services en ressources humaines. Dans l’interview, il passe en revue les secteurs qui ont le plus souffert de la crise sanitaire et comment la digitalisation et la requalification sont devenus la norme. Maintenant, il ose regarder vers un avenir proche, où les organisations et les entreprises devront tenir compte de nouvelles circonstances qui exigeront une hyper-flexibilité et des règles strictes pour une reprise dans de bonnes conditions de sécurité.
Dans l’interview, notre CEO confirme immédiatement que le secteur d’intérim a été impacté par la crise de Corona. « Les sociétés d’intérim spécialisées dans les titres-services sont par exemple totalement impactées, de même que celles qui travaillent pour l’horeca. Cela ne l’empêche pas de s’investir dans de nouveaux créneaux, comme le travail saisonnier. Par le passé, il y a toujours eu une base d’intérimaires dans le travail saisonnier, mais cela ne faisait pas partie du « core business » de notre secteur. Ces activités-là étaient essentiellement assurées par des travailleurs venus de l’étranger. Aujourd’hui, comme ils ne peuvent plus venir, il y a là du travail pour nos collaborateurs. En outre, il y a encore d’autres secteurs qui restent très actifs, comme les sciences de la vie, la logistique de biens et alimentaire, le secteur agroalimentaire et la distribution. »
« Globalement, on évalue l’impact sur notre activité dans une fourchette entre 20 et 50% »
Dans une situation d’urgence et à court terme, il faut certes trouver des solutions urgentes et temporaires. Philippe Lacroix confirme aussi cette affirmation pour le secteur de l’intérim : « Dans le travail temporaire, on y est confronté tous les jours : on réaffecte nos gens d’un secteur à l’autre en permanence. De cette façon, Manpower essaie de se préparer à la sortie du confinement. »
« Nous menons actuellement un travail de qualification des compétences de nos travailleurs, pour être prêt à répondre à la demande et remettre au travail des personnes dans les secteurs en redémarrage »
« Nous faisons deux choses dans ce cadre : on inventorie les collaborateurs qui ont d’autres compétences que celles pour leur secteur habituel et on leur apprend les normes à respecter dans leur nouvel environnement ; on requalifie des personnes n’ayant pas d’autres compétences, afin de les mettre à disposition elles aussi de secteurs différents. »
Philippe Lacroix s’apprête à reprendre les activités de ManpowerGroup, mais souligne l’importance d’une politique de sécurité stricte et claire. En outre, il appelle le gouvernement à fournir des mesures claires et des règles de sécurité, afin qu’il n’y ait pas de place pour l’imprécision ou la mauvaise interprétation. « Il faut clarifier d’urgence les conditions pour la remise au travail des personnes pourque les personnes puissent reprendre le travail en toute sécurité. Il faut que le gouvernement clarifie les moyens à mettre en œuvre et les règles à observer pour que cela se fasse dans de bonnes conditions sanitaires. Il faudra, de plus, prendre des mesures de soutien durant la relance : dans les premiers mois, on aura besoin d’hyper-flexibilité, ce qui nécessitera que certaines aides publiques soient prolongées. On aura besoin d’une certaine souplesse pour continuer d’utiliser le chômage économique pendant le redémarrage. » Enfin, Lacroix souligne que la question de la mise à disposition de masques et de vêtements de protection au travail sera fondamentale : sans cela, il ne croit pas qu’on pourra reprendre une activité économique.
« L’intérim montera en ligne en deuxième lieu lors de la relance, après le retour des chômeurs temporaires. Avec les bonnes réglementations sanitaires, le secteur d’intérim est prêt »
Selon notre CEO, le moment où le secteur d’intérim peut se remettre au travail de manière pleinement active dépend de plusieurs facteurs. Par exemple, il affirme que la réaction des travailleurs dépendra du sentiment de sécurité qu’ils auront. Contrairement aux crises économiques précédentes, cela dépendra des règles qui seront prises face au risque viral, des conditions de reprise des transports en commun et de la réouverture des écoles, tous des éléments qui joueront sur les sentiments des travailleurs selon Lacroix. « Nous sommes toujours en première ligne, à la baisse comme à la hausse. Ceci dit, il y a 1,2 million de personnes au chômage temporaire actuellement : ceux-ci seront les premiers appelés pour la reprise au travail, et nous interviendrons dans un deuxième temps. Notre secteur est prêt à faire face », motive Philippe.
Philippe Lacroix se souvient plusieurs leçons de la crise de Corona. Il est devenu clair que la digitalisation et le travail à distance sont devenus les nouveaux standards. Selon le CEO, cela va de pair avec la réduction de l’empreinte écologique en réduisant les déplacements, les transports et les émissions. « Cela nous fait réaliser qu’il y a d’autres éléments que l’économico-financier qui impactent les personnes. Cette crise est une leçon d’humilité, et doit nous conduire à effectuer un réajustement : l’activité économique doit soutenir l’activité humaine, et pas l’inverse. »
« La valeur ajoutée marchande n’est plus la seule à être mise en exergue, la valeur ajoutée collective l’est aussi désormais grâce notamment au travail du personnel des hôpitaux »
De plus, Philippe Lacroix et l’ensemble du ManpowerGroup BeLux tiennent à remercier tous les héros de Corona en première ligne. « La valeur ajoutée collective est aujourd’hui plus grande que jamais. »
Les CEOs des trois plus grands groupes de services RH mondiaux, Adecco, Manpower et Randstad, ont écrit ce jeudi une lettre ouverte pour proposer aux gouvernements, aux employeurs, aux syndicats et aux ONG de tous les pays de collaborer lors de la reprise de l’économie au sortir de la crise.
Jacques van den Broek (Randstad), Jonas Prising (Manpower) et Alain Dehaze (Adecco) ont créé une alliance ouverte à tous, pour partager les meilleures pratiques en matière de protocoles de santé et de sécurité au travail.
« Nous exhortons les autres parties prenantes à unir leurs forces pour permettre aux entreprises et aux travailleurs de retourner au travail d’une manière à la fois sûre et productive, garantissant la sécurité pour tous »