Les robots vont-ils voler les emplois de l’Homme ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres depuis une dizaine d’années. En pratique, c’est tout le contraire qui semble voué à se produire, comme le montre la troisième édition de l’étude menée par ManpowerGroup sur l’impact de la digitalisation sur l’emploi. En effet, les employeurs n’ont jamais été si nombreux (93% contre 91% l’an dernier) à prévoir d’accroître leurs effectifs ou de les maintenir au niveau actuel en raison de l’automatisation de certaines tâches. Aujourd’hui, la priorité sur le marché du travail consiste à accompagner l’impact de la transformation digitale sur les compétences.
Pour son enquête, ManpowerGroup a interrogé 19.000 employeurs dans 44 pays. En Belgique, comme ailleurs dans le monde, les employeurs dressent pour la troisième année consécutive le même constat. La digitalisation n’est pas synonyme de destruction d’emploi. 15% des employeurs belges prévoient d’augmenter leurs effectifs en raison de la digitalisation, alors que seulement 5% d’entre eux prévoient de les réduire. 93% des employeurs belges interrogés (87% au niveau mondial) prévoient de maintenir ou de renforcer leurs effectifs en raison de l‘automatisation, c’est un chiffre relativement stable par rapport à l’an dernier (91%). Dans seulement 6 pays (principalement en Europe de l’Est), on trouve davantage de pessimisme face à l’intégration des robots sur les lieux de travail, alors que deux tiers des employeurs sondés dans la région EMEA (Europe, Moyen Orient, Afrique) estiment que la digitalisation n’aura pas d’influence sur la taille de leurs effectifs endéans les deux ans.
Face à l’essor de l’automatisation, la nature des compétences dont les entreprises ont besoin est en train de changer, à un rythme qui varie toutefois considérablement selon les métiers. Comme l’an dernier, les profils IT s’imposent sans surprise comme les grands gagnants de la digitalisation avec une demande d’expertise qui progresse à vive allure : 16 % des entreprises belges entendent recruter des spécialistes de l’informatique, soient trois fois plus que celles qui envisagent des réductions d’effectifs dans ce domaine. Pendant ce temps, les experts en technologie se raréfient et un écart se creuse entre les niveaux de formation et l’expérience que les employeurs exigent de la part des candidats et la réalité du marché, qu’il s’agisse des développeurs, des spécialistes infrastructure ou des profils experts en sécurité. On attend également une forte croissance des postes en prise directe avec la clientèle (solde net à +8%), notamment en raison du développement de l’e-commerce et la virtualisation des contacts commerciaux. Une entreprise belge sondée sur dix prévoit de créer des emplois pour améliorer l’expérience de ses clients. L’Industrie manufacturière anticipe aussi des changements : 9 % des employeurs annoncent qu’ils emploieront davantage de salariés à court terme, tandis que 6 % prévoient de réduire leur masse salariale : une balance de l’emploi excédentaire ponctuée d’une véritable révolution des compétences dans le secteur.
À l’inverse, les métiers administratifs sont en perte de vitesse (solde net à -15%) : près d’un employeur belge sur cinq prévoit de détruire des emplois en ce domaine au cours des deux prochaines années. L’automatisation devrait continuer à engendrer des réductions d’emplois dans les métiers de la comptabilité et de la finance (solde à -11%) tandis que l’emploi devrait rester stable dans le secteur des ressources humaines (solde à 0%).
Les robots ont besoin des humains
« Se demander en permanence si les robots vont prendre nos emplois nous éloigne du véritable débat » affirme Philippe Lacroix, Managing Director de ManpowerGroup BeLux. « Certes, de plus en plus de machines viennent grossir les rangs des entreprises, mais cela n’empêche pas celles-ci de continuer à créer des emplois. Le marché du travail se transforme profondément et les entreprises doivent se donner les moyens de renforcer les compétences de leurs employés pour les préparer à des métiers émergents et complémentaires à ceux qui seront tenus par des machines. Oui, les robots ont besoin des humains… encore faut-il que ces derniers disposent des compétences nécessaires nécessaires pour faire équipe avec eux. »
Les compétences d’ordre technologique et numérique sont de plus en plus recherchées dans tous les métiers, mais ce sont bien les qualités humaines que les employeurs valorisent plus qu’hier, à l’heure où l’automatisation devient la norme et les machines gagnent en efficacité dans l’exécution de tâches routinières. Et si 39 % des entreprises belges peinent à former leurs salariés aux compétences techniques les plus demandées, 45 % rencontrent encore plus de difficultés à leur faire acquérir les qualités humaines dont elles ont besoin, comme le sens de l’analyse et la communication. Aujourd’hui, l’avenir appartient aux candidats qui font montre de compétences cognitives supérieures à la moyenne, de créativité, d’aptitudes à assimiler et exploiter des informations complexes, tout en étant à la fois adaptables et agréables à vivre. Selon le Forum économique mondial, d’ici 2030, la demande de qualités humaines tant sociales qu’émotionnelles va progresser, tous secteurs confondus, de 26 % aux États-Unis et de 22 % en Europe.
« Toutes les études mettent en évidence l’importance des soft skills, il n’en demeure pas moins vrai que les compétences techniques sont un passeport indispensable pour accéder à un emploi » précise Philippe Lacroix.
Alors que digitalisation et automatisation deviennent la norme en entreprise, les politiques de gestion RH doivent évoluer. Les difficultés de recrutement atteignant un niveau record partout dans le monde et les employeurs prévoyant d’automatiser certaines tâches et de créer de l’emploi, on ne peut plus se contenter de dénicher des talents : il faut les façonner. Dans son rapport ‘Humans wanted : The Robots need you’, ManpowerGroup formulent 7 recommandations pour faire coexister l’homme et la machine. Avec en fil rouge, la formation continue et le développement des compétences. En effet, plus de 9 employeurs belges sur 10 ont déclaré vouloir renforcer les compétences de leur personnel d’ici 2020 afin de faire face au défi de la digitalisation.
ManpowerGroup a demandé à Infocorp une étude quantitative en octobre 2018 auprès de 19 417 employeurs au sein de 6 secteurs dans 44 pays, dont la Belgique.
L’analyse des données a été effectuée par Reputation Leaders. Nous avons demandé leur avis sur :
* l’impact probable de l’automatisation sur leurs effectifs dans les deux prochaines années
* les fonctions les plus touchées au sein de leur organisation
* les stratégies de gestion des talents à mettre en œuvre
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