Selon le Baromètre de l’emploi de ManpowerGroup, la crise du Covid-19 va continuer à peser sur le marché de l’emploi, même si certains signes d’amélioration voient le jour. En Belgique, 11% des 446 employeurs sondés fin juillet prévoient de renforcer leurs effectifs d’ici la fin de l’année, alors qu’également 11% d’entre eux prévoient de les réduire. 73% des employeurs interrogés n’anticipent aucun changement. Après correction des variations saisonnières, la Prévision Nette d’Emploi (*) – ou le différentiel entre le pourcentage d’employeurs prévoyant des embauches et le pourcentage de ceux prévoyant des licenciements – atteint la valeur nulle de 0%, indiquant une stagnation sur le marché de l’emploi. C’est une hausse de 5 points par rapport au score historiquement bas du trimestre précédent, mais c’est encore une prévision en recul de 13 points par rapport au 4e trimestre 2019.
« En Belgique, comme dans 22 des 24 pays sondés en Europe, les intentions de recrutement des employeurs se sont améliorées par rapport au trimestre précédent » explique Philippe Lacroix, Managing Director de ManpowerGroup BeLux. « Néanmoins, à court terme, la préoccupation des employeurs est de tâcher de préserver leur activité et les emplois avant de vouloir en créer. C’est ce qu’indique la Prévision Nette d’Emploi en Belgique, bloquée à 0%. Les mesures liées au chômage temporaire pour cause de force majeure corona permettent de maintenir le marché de l’emploi ‘sous perfusion’, en espérant que les carnets de commande des entreprises se remplissent à nouveau. Le deuxième volet de notre enquête montre que les employeurs se préparent à une crise plus longue que ce qu’ils n’avaient prévu initialement, car le pourcentage d’entre eux espérant un retour à la normale endéans les 12 mois a baissé, passant de 72% à 58%. Cette prise de conscience de la durée de la crise est observée dans les trois régions et dans la majorité des pays sondés. »
Malgré une progression de 3 points par rapport au trimestre précédent, les employeurs en Flandre restent pessimistes et rapportent une Prévision Nette d’Emploi négative (-3%), en recul de 17 points par rapport à la même période l’an dernier. En Wallonie, les employeurs se montrent prudents et anticipent une activité de recrutement légèrement positive (+2%), au même niveau niveau que lors du trimestre précédent et en baisse de 11 points par rapport au 4ème trimestre 2019. Les résultats de l’enquête montrent des signes encourageants à Bruxelles (+6%) avec des intentions de recrutement en hausse de 6 points en comparaison trimestrielle mais cependant encore en baisse de 5 points en comparaison annuelle.
Les perspectives d’emploi sont positives dans quatre des 8 secteurs sondés, et s’améliorent légèrement dans 6 d’entre eux par rapport au trimestre précédent. Ce sont les employeurs du secteur ‘Autre production’– Agriculture et pêche, Electricité Gaz et eau, Industries extractives – qui se montrent les plus confiants (+7%), suivis par ceux de la Construction ainsi que ceux du secteur de la Finance, de l’assurance, de l’immobilier et des services aux entreprises (tous deux à +6%). Les prévisions sont également légèrement positives dans le secteur des Services publics, de la santé, de l’éducation et des services collectifs (+ 3%). Dans les autres secteurs, les employeurs anticipent des suppressions d’emploi : l’Industrie manufacturière (-1%), le Transport et le Logistique (-3%), le Commerce de gros et de détail (-7%), et enfin l’Horeca (-22%). « La situation continue de se dégrader dans le secteur Horeca où les employeurs enregistrent leurs prévisions les plus faibles depuis le lancement de l’enquête en Belgique » souligne Philippe Lacroix.
Selon l’enquête de ManpowerGroup, les employeurs des micro-entreprises (< 10 travailleurs) et des petites entreprises (10-49 travailleurs) se préparent à réduire leurs effectifs d’ici la fin de l’année, rapportant une Prévision Nette d’Emploi à -10% et – 9%, respectivement.
Les employeurs interrogés se montrent moins optimistes que lors du trimestre précédent quant à la rapidité d’un retour à la normale : 58% d’entre eux (contre 72% en juin) en Belgique s’attendent à ce que leurs recrutements reprennent un rythme équivalent à celui précédant COVID-19 endéans les 12 prochains mois, 15% (9% en juin) pensent que cela prendra plus d’un an et 12% (2% en juin) pensent que cela n’arrivera jamais. Cette prise de conscience de la longueur de la crise est observée dans les trois régions : seulement un employeur sur deux s’attend à un retour à la normale d’ici un an en Flandre (52%, baisse de 17%), six sur 10 à Bruxelles (60%, baisse de 15%) et près de 7 sur 10 en Wallonie (69%, baisse de 7 points).
Selon Philippe Lacroix, « au cours des prochains mois, les entreprises chercheront à trouver le bon mix au sein de leurs effectifs et cela ne sera pas simple sur un marché qui offrira peu de visibilité à long terme. » A court terme, une large majorité des employeurs sondés prévoient de réintégrer le personnel encore sous le régime de chômage temporaire pour cause de force majeure : 70% des employeurs concernés prévoient de les réintégrer à temps plein, 22% prévoient de les réintégrer avec des horaires réduits tandis que 8% envisagent des licenciements pour une partie d’entre eux. A un horizon de six mois, près de 7 employeurs ayant participé à l’enquête sur 10 envisagent de maintenir leurs effectifs au même niveau.
Les employeurs vont d’abord tâcher de s’appuyer sur leur propre personnel avant de recourir à de la main d’œuvre externe. En effet, 21% envisagent de réduire le nombre d’intérimaires, 19% affirment vouloir tâcher de réduire le nombre de consultants externes et 13% prévoient de faire moins appel à des travailleurs indépendants (freelances).
Pour lutter contre l’impact du COVID-19, 62% des employeurs interrogés ont mis en place du télétravail et 23% se déclarent même prêts à offrir la possibilité de travailler à distance 100% du temps.
Pour les trois prochains mois, les perspectives d’emploi sont positives dans 13 des 26 pays sondés dans la région EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique), tandis qu’elles restent négatives dans 8 pays ou stationnaires dans cinq autres. La confiance des 13.000 employeurs sondés dans la région s’est renforcée dans 24 des 26 pays par rapport trimestre précédent, mais elle reste nettement en-deçà des prévisions enregistrées à la même période l’an dernier. La Prévision Nette d’Emploi est légèrement positive en France (+3%, forte hausse de 14 points), en Allemagne (+2%, hausse de 2 points), mais elle reste négative en Italie (-1%, hausse de 3 points), aux Pays-Bas (-3%, statu quo) et surtout au Royaume-Uni (- 8%, hausse de 4 points).
Dans la plupart des pays européens, les employeurs ont également revu à la baisse la perspective d’un retour la normale endéans les 12 mois. C’est le cas notamment en Allemagne (43%, baisse de 5 points), en Italie (42%, baisse de 21 points), Royaume- Uni (49%, baisse de 7 points), en France (61%, statu quo) alors qu’aux Pays-Bas les employeurs se montrent plus confiants quant à l’avenir (62%, hausse de 9 points).
Au niveau mondial, les perspectives d’emploi sont positives dans 22 dans 43 pays et territoires sondés, notamment aux États-Unis (Prévision Nette d’Emploi à +14%, rebond important de 11 points par rapport au trimestre précédent), au Japon (+9%, baisse de 4 points), en Chine (+4%, hausse de 1 point), en Inde (+3%, baisse de 1 point), tandis qu’elles restent négatives au Brésil (-3%, hausse de 11 points) et au Panama (-18%, la Prévision Nette d’Emploi la plus faible de tous les 43 pays et territoires sondés).
Les résultats de la prochaine édition du Baromètre ManpowerGroup des perspectives d’Emploi seront diffusés le 8 décembre 2020 (1er trimestre 2021).
(*) La valeur de la Prévision Nette d’Emploi est obtenue en déduisant du pourcentage des employeurs anticipant une hausse de l’emploi total, le pourcentage des employeurs prévoyant une baisse de l’emploi dans leur entreprise pour le trimestre suivant. Il s’agit donc ici du solde net des prévisions d’emploi, qui peut être aussi bien positif que négatif. Les commentaires se basent sur les données désaisonnalisées, lorsqu’elles sont disponibles. Les données corrigées des variations saisonnières ne sont pas disponibles pour la Croatie et le Portugal.
Brochure avec les résultats complets
Infographie : Baromètre ManpowerGroup Q4/2020 : Où sont les jobs ?