Alors que pas moins de 130.000 jobs sont actuellement à pourvoir en Belgique, 35% des employeurs belges affirment éprouver des difficultés de recrutement. C’est ce qui ressort de la 12e édition de l’enquête mondiale sur les pénuries de talents réalisée par ManpowerGroup dans 43 pays et territoires, dont la Belgique. Le marché de l’emploi est en pleine transformation sous la poussée de la digitalisation et des nouvelles technologies. Les créations d’emplois s’accélèrent. Mais dans le même temps, le fossé entre l’offre et la demande de compétences ne cesse de grandir. En marge de cette enquête, le groupe RH partage sa vision pour résoudre ce manque de personnel qualifié et élargit son rôle sur le marché de l’emploi.
« Les pénuries de talents atteignent un nouveau record en Belgique et dans le monde et hypothèquent la croissance des entreprises » explique Phippe Lacroix, Managign Director de ManpowerGroup BeLux . « Le paradoxe du ‘talent mismatch’ qui caractérise notre marché du travail depuis de trop nombreuses années a encore été mis en évidence lors de la publication des chiffres de vacance d’emploi par Eurostat. Avec un taux d’emplois vacants de 3,5% au 1er trimestre de cette année, notre pays se situe nettement au-dessus de la moyenne européenne, établie à 2,2%. Dès lors, le mot d’ordre sur le marché de l’emploi ne doit plus être seulement ‘jobs, jobs, jobs’ mais également ‘skills, skills, skills’. Le plan que le gouvernement mettra bientôt en place pour lutter contre les pénuries de main-d’œuvre ne devra pas se limiter aux seules compétences techniques (hard skills) ou fonctions critiques, mais également aux fameuses ‘soft skills’ liées à la personnalité. Ces compétences douces – capacité à collaborer, résolution de problème ou communication – seront déterminantes dans le monde digital où l’homme et les robots devront interagir et où le travail se réinvente. »
Au niveau national, 35% des 754 employeurs interrogés par ManpowerGroup déclarent avoir des difficultés à remplir leurs postes vacants, un chiffre en augmentation de 11% par rapport à la dernière édition de l’enquête réalisée en 2016. Malgré des dynamiques différentes sur les marchés de l’emploi, le manque de main-d’œuvre se fait ressentir dans les trois régions du pays et touche 38% des employeurs en Flandre (hausse de 7%), 35% à Bruxelles (hausse de 13%) et 30% en Wallonie (hausse de 17%).
Comme lors des éditions précédentes, le Top 10 des postes pour lesquels les employeurs rencontrent des difficultés de recrutement est à nouveau dominé par les fonctions techniques et manuelles. En tête du classement établi à partir des réponses reçues sur la base d’une liste de 150 métiers, on trouve les ouvriers qualifiés (électriciens, soudeurs, maçons etc.), suivis par les techniciens (maintenance, production) et les chauffeurs en 4e position. Les experts sont également fortement représentés : profils comptables et financiers (3e), ingénieurs (8e) et profils IT (9e). Comme chaque année, les commerciaux (5e) et les profils administratifs (6e) figurent dans le Top 10 des fonctions les plus recherchées. Ce n’est pas étonnant quand on sait combien le manque de connaissance des langues est un frein important à l’embauche. On note également l’apparition des fonctions de profils d’experts (7e), qu’il s’agisse des project managers et des juristes. L’évolution des modes d’organisation des entreprises a renforcé le rôle des project managers qui doivent posséder de nombreuses compétences, notamment au niveau des soft skills. Enfin, le personnel Horeca (10e) fait sa réapparition dans le Top 10 des fonctions critiques établi par ManpowerGroup.
Les listes du Top 10 des fonctions critiques diffèrent peu d’une région à l’autre, les ouvriers qualifiés arrivant en première position dans les trois régions du pays. Fait marquant, la présence des enseignants en 2e position en Wallonie et en 7e position à Bruxelles. Les professionnels de la santé sont également difficiles à recruter en Wallonie (6e) et en Flandre (8e).
Top 10 Bruxelles – Flandre – Wallonie
Les grandes entreprises (≥ 250 travailleurs) éprouvent deux fois plus de difficultés à trouver du personnel qualifié que les micro-entreprises (< 10 travailleurs). En effet, 64% des employeurs des grandes entreprises déclarent être confrontés aux pénuries de talents contre 31% des petites PME. Dans les deux autres segments étudiés, plus d’un employeur sur deux rencontrent des difficultés pour remplir leurs postes vacants, 51% dans les petites entreprises (10 à 49 travailleurs) et 58% dans les moyennes entreprises (50 à 249 travailleurs).
Alors que les entreprises se digitalisent, s’automatisent et se transforment, trouver le bon équilibre entre les compétences techniques et les compétences liées à la personnalité est devenu le défi principal lors du recrutement. Et pourtant, 34% des employeurs estiment que les candidats ne possèdent pas ces compétences nécessaires (20% se plaignent de l’insuffisance de ‘hard skills’ et 14% du manque de ‘soft skills’). 36% des employeurs sondés ne reçoivent pas assez ou pas de candidatures en réponse à leurs offres d’emploi, tandis que 20% estiment que les candidats ne possèdent pas assez d’expérience. « Ce constat met en évidence la faiblesse de notre main-d’œuvre à la sortie de l’enseignement, mais aussi l’insuffisance de compétences accumulées en cours de carrière, en raison d’un manque de mobilité ou de formation permanente », ajoute encore Philippe Lacroix. Dans le nouveau monde digital, les soft skills gagnent en importance, qu’il s’agisse de la capacité à collaborer (75%), résoudre des problèmes (64%), communiquer de façon verbale ou écrite (61%) et faire preuve d’un esprit client (61%).
« Face à ce défi de la Révolution des compétences et des pénuries croissantes de main-d’œuvre, les ressources humaines doivent occuper un rôle central en mettant en place une nouvelle culture de l’apprentissage, gage d’une meilleure performance pour l’entreprise et d’une employabilité accrue pour les collaborateurs », prévient Philippe Lacroix. L’enquête de ManpowerGroup montre que les entreprises ont clairement compris l’importance de miser sur la formation et le développement des compétences (56%). Le recours à d’autres types de travailleurs (intérimaires, freelances ou consultants) pour faire face aux pénuries est une solution préconisée par 41% des employeurs. On constate également que les recruteurs sont devenus plus réalistes en se montrant prêts à revoir leurs exigences lorsqu’ils établissent leurs profils de recrutement (34%). En revanche, seulement un employeur sondé sur dix (11%) s’aventure sur la voie des augmentations des packages salariaux dans le but d’attirer les talents.
Au niveau mondial, 45% des 43.000 employeurs interrogés par ManpowerGroup dans 43 pays et territoires déclarent avoir des difficultés à trouver le profil adéquat. C’est le score le plus élevé depuis 12 ans, en progression de 5 points par rapport à 2016 (40%). Les pays les plus touchés sont dans l’ordre : le Japon (89%), la Roumanie (81%) et Taiwan (78%). Les Etats-Unis (46%) se situent au niveau de la moyenne mondiale, tandis que la Chine est le pays le moins touché (13%). Les pays européens ne sont pas épargnés et les employeurs éprouvent des difficultés de recrutement à des degrés divers en Allemagne (51%), Suède 42%), Italie (37%), Suisse (33%), France (29%), Espagne (24%), Pays-Bas (24%) et Royaume- Uni (19%).
Pour réussir dans le monde digital, il faut plus que jamais adopter des approches rapides et ciblées. Afin de suivre le rythme de la Révolution des compétences qui se joue actuellement, ManpowerGroup préconise la mise en place d’une stratégie de gestion des talents comportant quatre éléments clés :
– BUILD (Construire) : Investir dans l’apprentissage et le développement afin d’accroître votre réservoir de talents
– BUY (Acheter) : S’adresser au marché externe pour trouver le meilleur talent qui ne peut pas être développé en interne dans le délai requis
– BORROW (Emprunter) : Cultiver des communautés de talents à l’extérieur de l’organisation, en incluant des travailleurs à temps partiels, des indépendants, des travailleurs sous contrat et des travailleurs intérimaires pour compléter les compétences existantes
– BRIDGE (Jeter des ponts) : Aider les gens à avancer et progresser dans de nouvelles fonctions au sein ou en dehors de l’organisation
Face à ces changements et aux pénuries de talents, le rôle de Manpower évolue et ne se limite plus à la mise en concordance entre l’offre et la demande de compétences (matching). « Nous devons élargir l’offre de talents disponibles sur le marché de l’emploi », explique encore Philippe Lacroix. « Concrètement, nous allons continuer à renforcer notre rôle de coach envers les candidats en les aidant à révéler le potentiel qui est en eux, mais également en proposant davantage des parcours de formations spécifiques. » Chaque année, Manpower forme plus de 1.000 candidats via sa Manpower Logistics Academy (avec un taux de mise à l’emploi de 70%). En 2018, le groupe RH a lancé la Manpower Technical Academy afin de répondre aux pénuries de talents dans l’industrie.
Pour plus d’informations sur les pénuries de talents dans le monde, consultez le micro-site sur www.manpowergroup.com. Il contient un outil interactif permettant de visualiser les pénuries ainsi que différents blogs.
Rapport: ‘Solving the Talent Shortage’
Résultats de l’enquête (Belgique & international)